Métaux précieux et cryptomonnaies, deux univers (pas du tout) contradictoires

L’engouement pour le Bitcoin et les cryptos

Au tout début de l’année 2018, le Bitcoin crée enthousiasme et stupéfaction en atteignant un sommet de marché avoisinant les 20.000 dollars. Puis tout au long des années 2018 et 2019 la bulle se dégonfle peu à peu. Le Bitcoin, présenté durant plusieurs mois comme un nouvel « or numérique » lors de son ascension, disparaît totalement des articles économiques de la presse généraliste et est littéralement déclaré mort et enterré.

Or, c’est au cours de l’année 2020 que Bitcoin se réveille, en raison de facteurs techniques liés à son fonctionnement interne (les fameux « halving », se produisant tous les trois ans environ) et des inquiétudes liées aux conséquences économiques de la crise sanitaire. Après un sommet de marché avoisinant les 65.000 dollars, le Bitcoin est aujourd’hui redescendu largement sous les 40.000 dollars suite à une série de mauvaises nouvelles pour le marché des cryptoactifs (Tweets d’Elon Musk concernant le bilan carbone du Bitcoin, rappel à l’ordre des autorités chinoises, etc.).

Depuis cette chute récente du Bitcoin, il faut noter que le métal jaune reprend de belles couleurs. En effet, après son sommet d’août 2020, au-delà des 2.000 dollars, l’or est venu, lentement mais sûrement, re-tester le support des 1.700 dollars avant de clairement se reprendre au cours des mois d’avril et de mai 2021.

Les deux classes d’actifs que sont d’une part les métaux précieux et d’autre part les cryptomonnaies, semblent se répondre.

Et il faut dire que l’or et le Bitcoin, à bien des égards, peuvent s’apparenter sur certains points.

 

Deux univers qui se répondent

L’or, ce sont des dizaines de siècles d’histoire monétaire. Des millions et des millions de jetons frappés et refondus. Et un stock global, à la fois très vaste et très limité, d’approximativement 200.000 tonnes extraites. Il reste encore aujourd’hui un ultima ratio quant à la préservation de la valeur. Certes, l’or n’apporte pas de rendement dans un portefeuille financier. Mais quand il y est présent, sous sa forme physique, il y joue son rôle d’assurance. La plupart des banques centrales (dernièrement la Pologne et la Hongrie), au cours des dernières années, ont accumulé de l’or. Et non des Bitcoins.

Néanmoins, en se basant sur certains des postulats précités, il est intéressant de constater que le Bitcoin a été en effet pensé comme un « or numérique ». Il suffit pour cela d’observer le vocable employé dans l’univers des cryptos.

Le nombre de Bitcoins est par définition limité (il n’y aura, au final, que 21 millions d’unités), tout comme le stock d’or présent dans la croûte terrestre est limité. Pour générer des nouveaux Bitcoins, il faut des « mineurs », à l’image de ce qui peut exister dans l’industrie aurifère. Dans l’univers cryptographique, un parle de « tokens », de « jetons », c’est-à-dire l’exact pendant d’un Napoléon ou d’un Souverain. Sur le plan de la représentation graphique, il est frappant de constater que le Bitcoin et les autres cryptomonnaies sont quasiment systématiquement représentés sous la forme de jetons métalliques dorés ou argentés… venant mettre en lumière un inconscient collectif ramenant systématiquement l’expression de la valeur à l’or et à l’argent métal.

Aussi, comprendre le Bitcoin et l’univers des cryptomonnaies, c’est comprendre, à bien des égards, l’or et ses avantages. Qui plus est dans un monde où les interrogations quant à la réelle valeur des monnaies fiduciaires se font de plus en plus pressantes.

 

Comment les cryptomonnaies peuvent ramener les générations Y et Z vers les métaux précieux

Toute une tranche de la jeunesse, tant dans le monde occidental que dans d’autres parties du monde, est à l’heure actuelle en train de faire la découverte de l’univers des marchés financiers et de l’analyse économique via la porte d’entrée (très accessible) des cryptommonnaies.

Le marché haussier actuel, les discussions entre amis, les articles de plus en plus nombreux dans la grande presse, et les confinements à répétition donnant temps et disponibilité, tout concours à la mise en œuvre d’un processus d’acculturation. Il suffit d’observer l’engouement actuel pour les chaînes YouTube évoquant le sujet (Hasheur, CryptoMatrix, etc.). Bref, il se passe quelque chose.

Et cela peu sembler antinomique, mais cela est en réalité très positif pour les métaux précieux. Pour nombre de nouveaux investisseurs, la voie de l’or passe par la porte d’entrée qu’est le Bitcoin… car comprendre le Bitcoin et sa raison d’être (préserver la valeur dans un monde où les monnaies fiduciaires sont reproductibles à l’infini) c’est au final revenir à l’or.

Aussi, la volatilité extrême sur le marché des cryptomonnaies, couplé à la défiance de plus en plus prégnante pesant sur les monnaies fiduciaires, peut pousser nombre de ces nouveaux investisseurs à sécuriser une partie de leur patrimoine via l’or et l’argent métal.

 

C.L.