L’inflation. Elle est-là.
Les chiffres officiels sont tombés. L’indice qui mesure la variation des prix aux États-Unis a augmenté de 4,2% en un an. Le consensus des analystes tablait sur des chiffres inférieurs, ce qui a provoqué un stress sur les marchés financiers. Et il faut également considérer que l’indice des prix évoqué ne tient aucunement compte (à l’image de ce que peut pratiquer l’INSEE en France) des coûts de l’énergie. Aussi, l’inflation américaine est en réalité bien plus élevée et il faut remonter une vingtaine d’années en arrière pour retrouver des cadences de hausse de prix comparables.
Dans le verbiage des banques centrales, cette bouffée de chaleur est « transitoire » et est essentiellement liée à des problématiques de stocks, en raison des contraintes sanitaires. Or beaucoup d’éléments laissent à penser que l’inflation serait plutôt partie pour durer. Prenons un exemple national : Renault vient d’annoncer une hausse prochaine de ses tarifs concernant les véhicules sortis d’usine en raison de la hausse du coût des matières premières.
En parallèle, en raison de la difficulté des entreprises à embaucher (phénomène à corréler avec l’abondance des aides spéciales déversées pour contrer les effets économiques de la pandémie), il est probable que les salaires augmenteront au cours des prochains mois, ce qui aura nécessairement un impact supplémentaire sur les prix. Encore aux Etats-Unis, Amazon et MacDonald viennent d’annoncer des hausses importantes de leurs salaires de base.
En parallèle, ces événements liés au retour de l’inflation arrivent au même moment que des nouvelles majeures concernant la démographie chinoise. Cette dernière est clairement déprimée, les conséquences de la politique de l’enfant unique se font sentir. Et brutalement. Aussi 2021 verra probablement, pour la première fois depuis des siècles en Chine, le nombre de décès dépasser le nombre de naissance. Or, la main-d’œuvre chinoise à bas coût a été un moteur déflationniste majeur au cours des dernières décennies. Ce moteur est désormais arrêté.
Le hic majeur : l’impossibilité de remonter les taux d’intérêt durablement
Dans un monde sans dette, ou faiblement endetté, la problématique de l’inflation peut être maîtrisée par une hausse des taux d’intérêts, ce qui freine l’accès au crédit, la création monétaire et donc l’ensemble de l’économie.
Or, notre monde actuel, globalement, croule littéralement sous la dette. Et bien plus encore depuis le début de la crise sanitaire. Et une variation à la hausse, même maîtrisée, des taux d’intérêt peut avoir des conséquences dramatiques pour nombre d’acteurs économiques, États en tête. Nous pouvons naturellement songer aux pays de l’Europe du Sud, tels que l’Espagne ou l’Italie. La France n’est pas en reste…
Il sera donc très délicat pour les banques centrales de piloter cette hausse de l’inflation. Il ne reste. Qu’à souhaiter qu’il n’y aura pas de dérapage hyperinflationniste.
C.L.